V ers l'âge de 18 mois, Helen souffre d'une maladie infantile diagnostiquée à l'époque comme "fièvre cérébrale" (plus probablement une scarlatine) qui la laisse sourde, muette et aveugle.
Une période de « no world »
Brusquement coupée du monde, elle a du mal à communiquer avec ses proches, notamment ses parents. Helen décrira plus tard cette période comme un "no world" (non- monde), un univers noir et silencieux dénué de toute communication humaine. On pensa que la maladie l'avait rendue idiote. Très entourée par sa famille et ses amis, c'est sa mère qui l’accompagne dans un Institut spécialisé, afin de trouver des solutions à son handicap. Elle rencontre Anne Sullivan, jeune malvoyante de 20 ans et ancienne étudiante de l’Institut. Engagée par les parents d'Helen en 1887, Anne consacre son temps à lui esquisser des signes dans la paume de la main juste avant de lui présenter un objet. Elle apprend à Helen à communiquer avec ses mains en formant des lettres. Après des débuts difficiles, l’enfant se révèle vive et volontaire. Anne, tout en versant de l'eau froide dans la main de son élève, épela sur la paume de cette dernière le code alphabétique "water" (eau). Helen comprit enfin que ce code nommait la chose froide qui coulait entre ses doigts : le "non monde" venait de voler en éclats. En quelques mois à peine, elle apprend près de 600 mots en langage des signes, le braille ainsi que ses tables de multiplication. Ses progrès provoquent l’admiration de tous et un an plus tard, elle entre à l’institut Perkins, une école pour les enfants aveugles. Anne sera essentielle dans la vie d’Helen, et restera à ses côtés des dizaines et dizaines d’années. Elle apprend le braille et la langue des signes et enfin à force de persévérance, Anne lui apprend à lire, à parler et à écrire. [Crédit image © Pinterest]
Avec Anne, Helen va parcourir l'est des Etats-Unis pour parfaire son éducation.
L'écrivain Marc Twain, qui est l'un de ses admirateurs, lui propose de payer ses études universitaires, qu’elle réussit avec succès en devenant la première personne sourde-muette-aveugle à obtenir un diplôme universitaire en arts. C’est à cette période qu'elle s’engage politiquement.
Elle crée une fondation pour personnes handicapées et devient militante au sein de mouvements socialistes, féministes et pacifistes. Elle soutient notamment le syndicat ouvrier IWW et se prononce en 1916 pour une guerre révolutionnaire mettant fin à la Première Guerre mondiale et assurant le triomphe du prolétariat. Elle écrit des essais politiques, des romans et des articles de journaux. Son ouvrage le plus célèbre, "The Story of My Life," ("L'histoire de ma vie", (en français "Sourde, Muette et Aveugle") a été traduit en plus de 50 langues mais on lui doit également un dizaine d'autres ouvrages ainsi que de nombreux articles pour la presse. A noter également, le très beau film réalisé par Arthur Penn en 1962 "Miracle en Alabama" qui retrace la vie d'Helen Keller. À la mort d'Anne, Helen écrivit un livre sur sa courageuse « maîtresse ». [Crédit image © Pinterest]
Pendant plus de 50 ans, Helen Keller se consacre au "service de l'humanité", luttant pour les droits des femmes, des ouvriers, des minorités et devint une sorte d'ambassadrice mondiale des faibles et des opprimés.
En 1915, elle fonde avec George Kessler l'organisation Helen Keller International (HKI) afin de soutenir la prévention de la cécité et la réduction de la malnutrition dans le monde. HKI est aujourd'hui présente dans 22 pays. [Crédit image © Pinterest]