N ée en 1910, Irena est une enfant unique. À l'âge de deux ans, elle contracte la coqueluche, incitant sa famille à s'installer dans la station thermale de Otwock, où le père d'Irena, Stanisław Krzyżanowski, va travailler comme médecin.
Son père s'attache à soigner principalement les pauvres et les paysans juifs. Pour lui, la race, la religion ou la nationalité n'ont aucune importance. Banlieue ouvrière, Otwock est aussi une grande communauté juive. Jouant avec ses camarades, Irina apprend le yiddish. Il y a tant de pauvres à Varsovie qu'une épidémie de typhus se répand. Le père d'Irina contracte la maladie et meurt en 1917.Żegotaqu'à ce jour.
En 1927, Irena rejoint Varsovie et entreprend des études de droit.
- Elle commence à enseigner à l'orphelinat de Dom Sierot et rejoint le Parti socialiste polonais. L'antisémitisme est pour elle extrêmement pénible à supporter. Elle participe à de nombreuses manifestations contre la discrimination à l'encontre des étudiants juifs à l'université de Varsovie et s'oppose au système des bancs ghetto qui oblige les étudiants juifs à s'assoir sur les bancs qui leur sont réservés. Elle devient la cible d'attaques des étudiants du Camp national-radical. Cela lui vaut d'être suspendue de l'université pendant trois ans. Elle parvient tout de même à passer ses examens et obtient son diplôme en 1939.
Durant la Seconde Guerre mondiale, elle travaille au service d'aide sociale à la mairie de Varsovie.
- Elle organise l'aide aux pauvres. En novembre 1940, les Allemands rassemblent la population juive dans le Ghetto de Varsovie. Sous le prétexte de prévenir une possible épidémie, personne ne peut entrer ou sortir du ghetto en dehors des autorités sanitaires polonaises. Le docteur Juliusz Majkowski est responsable des autorités sanitaires. Irena qui l'a fréquenté avant la guerre, lui demande à figurer ainsi que dix de ses amis, sur la liste des personnes autorisées à entrer et sortir du ghetto. Avec l'aide du CENTOS (institution de charité pour les enfants juifs), elle commence à faire sortir clandestinement des enfants du ghetto. En septembre 1942, elle adhère à Żegota, une commission clandestine d'aide aux Juifs créée par le gouvernement polonais. Nommée chef du département de l'Enfance, elle est chargée de rechercher des signes de typhus, qui risque de se propager au-delà du ghetto. Au cours de ses visites, elle porte l'étoile de David en signe de solidarité avec le peuple juif. Elle organise le passage clandestin des enfants du ghetto, parfois dans des ambulances et des tramways, parfois en les cachant dans des paquets, et en utilisant divers autres moyens. Les enfants qu'elles sauvent sont ensuite placés dans des familles chrétiennes ou des institutions.
Selon l'historienne américaine Debórah Dwork, Irena Sendler est « l'inspiration et le moteur de tout le réseau qui aurait sauvé ces 2 500 enfants juifs. »
Le 20 octobre 1943, elle est arrêtée par la Gestapo et emmenée à la prison de Pawiak.
- Malgré les tortures qui la laissent infirme à vie (pieds et jambes brisés), elle ne trahit pas son réseau. Elle est condamnée à mort mais grâce à l'intervention de plusieurs contacts, elle parvient à s'évader, le jour de son exécution en février 1944. Quelque temps après, Irena peut lire dans les journaux qu’elle a été exécutée
Après son évasion, Irena se cache à Varsovie sous le nom de Klara Dąbrowska. Elle demeure un certain temps chez son oncle puis retourne à Varsovie et reprend contact avec Żegota. Elle ne peut plus marcher, et en attendant de récupérer l'usage de ses jambes, elle travaille dans les bureaux du réseau.
Pendant l'insurrection de Varsovie, elle travaille comme infirmière dans un hôpital de fortune.
Elle continue à travailler jusqu'à ce que devant l'avance des troupes russes, les Allemands quittent Varsovie. Après la guerre, Varsovie est en ruine. La population affamée sort des caves où elle a trouvé refuge. Irena continue d'aider partout où elle peut aider. Elle vient en aide aux orphelins et crée des maisons d'enfants. Elle aide aussi les personnes âgées qui n'ont plus de famille et crée des maisons de retraite. Mais surtout, elle ne parle à personne de ce qu'elle a fait. Pour elle, cela devait être fait, c'était normal. Elle transmet la liste des noms et des familles d'accueil, qu'elle remet à Adolf Berman, le président du Comité central des Juifs en Pologne.
Après la guerre, Irena est emprisonnée de 1948 à 1949 et interrogée brutalement par la police secrète communiste.
- Suite à ces mauvais traitements, son fils Andrzej ne survit pas à une naissance prématurée. Elle est finalement libérée et rejoint le parti communiste polonais (PZPR). Après deux ans d'enquête, le Yad Vashem* reconnaît Irena comme Juste parmi les nations. Les autorités communistes de Pologne refusent qu'elle reçoive son prix en Israël. Ce n'est qu'en 1983 qu'elle peut le faire. Pendant son voyage, elle participe à une cérémonie au Mémorial de Yad Vashem, au cours de laquelle un arbre est planté et porte son nom. Irena Sendler meurt le 12 mai 2008, elle est âgée de 98 ans. Elle est inhumée au cimetière de Powązki.
(*) Mémorial israélien situé à Jérusalem, construit en mémoire des victimes juives de la Shoah perpétrée par les nazis pendant la Seconde Guerre mondiale)
Postérité
C'est en 1999 que l'histoire d'Irena Sendler a commencé à être connue grâce à l'intervention de quatre jeunes étudiantes américaines, qui se sont rendues en Pologne pour la rencontrer. Ces mêmes étudiantes, en souvenir des petits papiers sur lesquels Irena avait écrit les noms des enfants et de leurs familles d'accueil et qu'elle avait conservés dans le bocal de verre, ont réalisé une pièce de théâtre intitulée Life in a jar.
Plusieurs hommages lui sont rendus et un film, The courageous heart of Irena Sendler, réalisé par John Kent Harrison sort en 2009.
Elle a également reçu plusieurs distinctions et devient Citoyenne d'Honneur de l'Etat d'Israël. Elle est distinguée de l'Ordre du Sourire, attribué chaque année à des personnalités œuvrant pour « Le bonheur et le sourire des enfants », prix décerné par des enfants du monde entier.