1864-1922

Pionnière du reportage clandestin

Pionnière du reportage clandestin, une forme de journalisme d'investigation, elle a réalisé seule un tour du monde en 72 jours sur la fin de l’année 1889 et le début de 1890.
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D e son vrai nom Elizabeth Cochrane, Nellie Fly perd son père, juge, à l'âge de 6 ans. Il avait épousé sa mère Mary Jane en secondes noces.
Destinée à devenir demoiselle de compagnie ou gouvernante, elle se refuse à ce destin et commence à écrire des poèmes et des récits à 16 ans. En 1880, elle part pour Pittsburgh chercher du travail. En réaction à une rubrique sexiste du journal Pittsburgh Dispatch (« Ce à quoi sont bonnes les jeunes filles »), elle écrit au rédacteur en chef George Madden une lettre fielleuse signée « L’orpheline solitaire ». Cette lettre, incisive et particulièrement bien tournée, incite Madden à lui offrir un poste au journal si elle lui offre un article qui lui plaît. Quelques jours plus tard, elle lui amène un article consacré à la famille, au divorce et aux enfants. Elle est alors engagée et Madden lui donne son pseudonyme, Nellie Bly, d'après une chanson très connue de Stephen Foster, pour protéger sa famille des critiques.

    Son premier reportage : la vie des ouvrières dans une fabrique de conserves.

  • C'est en 1880 qu'on lui confie son premier reportage : la vie des ouvrières et leurs conditions de travail très difficiles, dans le froid, la saleté et le danger. Ce premier reportage, accompagné de photographies, fait exploser les ventes du Pittsburgh Dispatch. Elle a alors rapidement le libre choix de ses articles et se concentre essentiellement sur les conditions de vie du monde ouvrier. Malheureusement, les industriels commencent à mettre sous pression le journal. Madden lui demande donc de ne plus s'occuper que des rubriques théâtrales et artistiques. Mais elle finit par le convaincre de revenir à son thème de prédilection, le monde ouvrier. Elle se fait alors embaucher dans une tréfilerie pour écrire un article « de l'intérieur ». Ce sera le premier reportage du genre, prémices du journalisme d'immersion et d'investigation. Le reportage fait sensation mais Nellie est forcée par les industriels à revenir aux rubriques théâtrales.
  • Elle quitte le Dispatch en 1887 et se rend à New York, où elle pose sa candidature au New York Tribune, au New York Times et surtout au journal à sensation, le New York World de Joseph Pulitzer, qui la recrute après avoir semé le trouble dans les locaux.

  • Pulitzer lui promet alors un contrat si elle parvient à s'infiltrer dans un asile. Elle accepte. Sa première tâche consiste ainsi à écrire un article au sujet d'un asile de fous pour femmes, le Blackwells Island Hospital à Roosevelt Island. Elle se fait passer pour malade et s'invente des problèmes psychiatriques afin d'y être internée. Après une nuit d'entraînement, l’illusion est parfaite : tous les médecins la déclarent folle et se prononcent pour son internement. Elle reste dix jours dans l'hôpital. Le reportage fait la une de toute la presse et fait scandale en dévoilant les conditions épouvantables des patientes et les horreurs des méthodes utilisées (nourriture avariée, eau souillée, bâtiments infestés). Il amènera un changement radical des pratiques. Elle publie son aventure sous le pseudonyme de L. Munro : Ten Days in a Mad-House (1887). Ce mode de journalisme, le reportage clandestin, devient sa spécialité.

  • Le tour du monde en 72 jours

  • En 1888, il vient à l'idée de Nellie Bly de faire le tour du monde pour battre Phileas Fogg, le héros du Tour du monde en quatre-vingts jours de Jules Verne. Mais le financier du New York World, George W. Turner, refuse de la soutenir, estimant qu'une femme est incapable d'un tel périple. Ce n'est donc qu'un an plus tard qu'elle entame son voyage de 40 070 kilomètres à Hoboken (New Jersey) le 14 novembre 1889, à 9 heures 40 pour le terminer le 25 janvier 1890. Ce voyage aura duré exactement 72 jours, 6 heures, 11 minutes et 14 secondes, le record de l'époque, battu quelques mois plus tard par l'excentrique George Francis Train. Elle arrive en gare d'Amiens le 22 novembre à 16 heures et est accueillie avec enthousiasme par Jules Verne accompagné de sa femme Honorine et de Sherard comme interprète. Jules Verne la trouve jeune, jolie, mince comme une allumette et d'une physionomie enfantine (photo ci-contre). Nellie Bly raconte ce tour du monde dans le livre, devenu un classique de la littérature journalistique, Le Tour du monde en 72 jours. [© Images : wikimedia.org.com]







  • Ses dernières années

  • Le 5 avril 1895, Nellie Bly épouse le millionnaire Robert Seaman, rencontré lors d'une réception à Chicago, et s'éloigne du journalisme. Après la mort de son mari en 1904, elle prend la direction de sa fabrique de bidons métalliques pour le lait. Elle fait breveter le bidon de 55 gallons utilisé pour transporter le pétrole et instaure de nombreuses réformes (salaire journalier, investissement dans des centres de loisirs, des bibliothèques pour les ouvriers, etc.). Désavouée au sein même de l'entreprise, elle doit vendre les usines en février 1914.
    Poursuivie par les créanciers, elle retourne au Royaume-Uni et prend contact avec le New York Evening Journal pour devenir correspondante de guerre lors de la Première Guerre mondiale, articles qu'elle republie sous le nom de Nellie Bly qu'elle avait abandonné au moment de son mariage. Après la guerre, de retour à New York, elle reprend ses articles sur le monde ouvrier, sur l'enfance et œuvre pour le droit de vote des femmes. À l'âge de 57 ans, elle meurt le 27 janvier 1922 d'une pneumonie au Saint Mark Hospital de New York. Elle est inhumée au cimetière de Woodlawn dans le Bronx. Le lendemain de sa mort paraît un article sur la meilleure journaliste d'Amérique.

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